FAMILLE GASS - HOMMAGE ET POSE DE PAVéS MéMORIELS
L’histoire de la famille Gass est un témoignage poignant des épreuves vécues par de nombreuses familles juives en Europe durant le XXe siècle. Hynoch, Rosa et leur fils Jacques, fuyant les persécutions antisémites en Pologne, ont entamé un périple qui les a conduits de leur terre natale à la Mayenne, à la recherche d'une vie meilleure.
De la Pologne à la Mayenne
Hynoch (Henri) Gass est né le 13 novembre 1893 à Poddebice (Empire russe). Il est l'époux de Rosa née Kibel le 27 juillet 1894 à Turich (Pologne). Ensemble, ils ont un fils, Jacques, né en Pologne en 1921.
En 1924, Hynoch Gass, Rosa Kibel et leur fils Jacques quittent la Pologne, un pays de plus en plus marqué par l’antisémitisme. Ils s'installent à Saint-Quentin, dans le département de l'Aisne, où ils espèrent trouver refuge. Pendant seize ans, cette ville du nord de la France les accueille, mais la menace de la guerre et des persécutions ne tarde pas à se faire sentir.
Après l'invasion de la France par l'armée allemande en 1940, la famille Gass se déplace à Changé-lès-Laval, en Mayenne. Ce choix, motivé par l’espoir de trouver une sécurité temporaire, s'avérera tragiquement illusoire. Hynoch et Rosa, née en 1894 à Turich, poursuivent leur vie en tentant de protéger leur fils Jacques, alors étudiant à la faculté des sciences de Rennes.
Le 16 juillet 1942, Hynoch, Rosa et Jacques sont arrêtés puis déportés ensemble le 20 juillet depuis Angers à destination du camp d'Auschwitz par le convoi 8. Ils seront assassinés au camp d'Auschwitz-Birkenau.
La tragédie de la famille Gass ne s'arrête pas là. Les frères et sœurs de Hynoch, Chaïm Gass et Marie Glicensztajn (née Gass), subissent également le même sort. Déportés par les convois 11 et 40, ils ne reviendront jamais.
Des pavés de mémoire pour ne jamais oublier
Samedi 1er juin 2024, trois pavés mémoriels ont été installés place d’Elva, devant l’Hôtel de Ville.
Cette cérémonie, co-organisée par la municipalité, Christophe Woehrle, président de l’association Stolpersteine France et la Vigie - Mémorial des Déportés de la Mayenne - a rassemblé de nombreux participants, notamment des élèves, pour honorer la mémoire de ces victimes de la Shoah.
Les pavés Stolpersteine sont un projet artistique initié par l'artiste allemand Gunter Demnig à Berlin. Ils visent à commémorer les victimes de la déportation et de l’extermination, notamment les juifs, les nomades, les déportés politiques et toutes les personnes persécutées par le régime nazi. Chaque pavé est installé dans la dernière commune de résidence connue des victimes, permettant ainsi de garder vivante leur mémoire au cœur des villes.
Un travail de recherche minutieux réalisé par des élèves
Des élèves des deux écoles de Changé et du collège Jules Renard de Laval ont travaillé pendant plus de six mois sur la vie de la famille Gass, en retraçant leur parcours tragique avec l'aide de l'association du Mémorial des Déportés de la Mayenne. Durant l’hommage rendu, quelques élèves ont détaillé au micro la vie de ces trois victimes du nazisme, pendant que d’autres ont interprété la chanson du P’tit Grenier d’Anne Sylvestre ou dessinaient la paix sur le sol du parvis avec des craies et autre bombe de peinture.
Christophe WOEHRLE, Président de l'association Stolpersteine France, a rappelé combien la paix et la liberté étaient fragiles et combien il était important de transmettre cette histoire aux jeunes générations, pour que jamais nous n'oublions : « Les enfants ont travaillé sur la mémoire. Nous, les adultes, sommes des transmetteurs de mémoire. Le délitement mémoriel est inévitable. Nos enfants sont porteurs de messages. La déportation a commencé ici, dans nos rues, et nous n’avons pas su les protéger ».
Les enfants se sont engagés à revenir régulièrement sur ce lieu pour faire briller les pavés.